0%

https://www.ciaj.ch/wp-content/uploads/2025/06/services-head-1.png

La bonne manière de faire la prière

Introduction

La prière (ṣalāh) est l’un des piliers fondamentaux de l’islam. Elle relie directement le croyant à Allah et rythme sa journée de moments de recueillement. Pour qu’une prière soit valide, il faut non seulement avoir accompli l’ablution (wuduʾ), mais aussi suivre scrupuleusement les gestes et les paroles établis par la tradition prophétique. Cet article décrit, pas à pas, la manière correcte d’accomplir une prière rituelle, depuis l’intention jusqu’au salut final (taslīm), en se basant sur la pratique prophétique.

1. Conditions préalables

  1. Être en état de pureté
    Avant toute prière, il est capital d’avoir accompli l’ablution complète (wuduʾ). Si l’on se trouve en état majeur d’impureté (janābah), il faudra effectuer le bain rituel (ghusl) avant de prier.

  2. Avoir revêtu des vêtements propres
    Les vêtements doivent être exempts de toute impureté. Pour les hommes, il convient de couvrir au minimum du nombril jusqu’aux genoux. Pour les femmes, l’ensemble du corps (à l’exception du visage et des mains) doit être couvert.

  3. Se diriger vers la Qibla
    Le croyant doit se positionner face à la Kaʿba à La Mecque. Cela signifie repérer la direction de la Qibla et orienter son corps en conséquence.

  4. Choisir un lieu adapté
    L’endroit de la prière doit être propre et dégagé. Un tapis ou une surface isolée des impuretés du sol est préférable.

2. L’intention et le début de la prière

  1. Formuler l’intention (niyyah)
    L’intention ne se prononce généralement pas à voix haute ; elle se fait dans le cœur. Il suffit de se dire mentalement : « Je fais la prière de [nom de la prière, par exemple ‘al-Fajr’] en tant que prière obligatoire pour plaire à Allah. » L’essentiel est de savoir dans son esprit quelle prière on s’apprête à accomplir.

  2. Prendre la position de départ
    L’adepte se tient debout, les pieds écartés à la largeur des épaules, les mains à la hauteur des épaules ou des oreilles, paumes ouvertes vers la Qibla. Les yeux sont dirigés vers le lieu de la prosternation.

  3. Prononcer le « Takbīr al-Iḥrām »
    En levant les mains à la hauteur des oreilles ou des épaules, on dit à haute voix :

    « Allāhu akbar »
    (Allah est le Plus Grand).
    À ce moment précis, on s’engage à ne pas faire autre chose que la prière : parler, rire ou effectuer un geste profane annulerait le début de la rituélité.

  4. Position des mains après le takbīr
    Une fois le « Allāhu akbar » prononcé, on place la main droite sur le dos de la main gauche, juste au-dessus du nombril pour les hommes ou sur la poitrine pour les femmes. Les doigts restent joints et pointent vers le bas.

3. La station debout (qiyām)

  1. Récitation de la Fātiḥah
    Dans chaque rakʿah (unité de prière), on récite d’abord la sourate al-Fātiḥah :

    « Bismillāhir-raḥmānir-raḥīm.
    Al-ḥamdu lillāhi rabbi’l-ʿālamīn.
    Ar-raḥmānir-raḥīm.
    Māliki yawmi’d-dīn.
    Iyyāka naʿbudu wa iyyāka nastaʿīn.
    Ihdinā ṣ-ṣirāṭ al-mustaqīm.
    Ṣirāṭ al-laḏīna anʿamta ʿalayhim,
    ġayri’l-maġḍūbi ʿalayhim wa lā ḍ-ḍāllīn. »
    Cette récitation s’effectue d’un ton mesuré, sans hâter le discours, en veillant à la prononciation correcte.

  2. Récitation d’une autre sourate (dans les deux premières rakʿahs)
    Après avoir achevé la Fātiḥah, on enchaîne de préférence avec une sourate ou plusieurs versets du Coran. Les récitations varient selon l’heure ou l’accomplissement personnel : certains choisissent une courte sourate telle que « al-Ikhlās » ou « al-Kawthar », d’autres peuvent effectuer une lecture plus longue si la situation le permet.

  3. Maintenir la concentration et le recueillement
    Durant la récitation, le regard reste baissé vers le lieu de la prosternation. On veille à ne pas laisser vagabonder la pensée ailleurs, car l’humilité (khushūʿ) est l’un des piliers de la prière.

4. L’inclinaison (rukūʿ)

  1. Passage à la position d’inclinaison
    Après la récitation debout, on dit « Allāhu akbar » en se courbant : le dos doit être droit et parallèle au sol, les mains reposent sur les genoux, doigts écartés pour soutenir la posture.

  2. Attitude et invocations dans le rukūʿ
    Le regard se porte vers le lieu de la prosternation. On prononce trois fois, d’une voix mesurée :

    « Subḥāna rabbī’l-ʿaẓīm »
    (Gloire à mon Seigneur, le Très Grand).
    On veille à sentir la pression sur le bas du dos, le buste incliné suffisamment pour que la horizontalité soit perceptible, sans pour autant se casser trop.

  3. Remontée après le rukūʿ
    En se redressant, on dit :

    « Samiʿa llāhu liman ḥamidah »
    (Allah entend celui qui Le loue),
    puis, une fois debout, :
    « Rabbana wa lakal-ḥamd »
    (Notre Seigneur ! À Toi la louange).

5. La prosternation (sujūd)

  1. Passage à la prosternation
    Après s’être redressé du rukūʿ, on dit « Allāhu akbar » et on descend jusqu’à poser les deux genoux au sol, puis les deux mains, le front et le nez. Les pieds sont relevés, orteils pointés vers la Qibla, paumes bien à plat au sol, coudes légèrement décollés du corps.

  2. Invocations dans la prosternation
    Dans cette position d’humilité complète, on récite trois fois :

    « Subḥāna rabbī’l-ʿaʿlā »
    (Gloire à mon Seigneur, le Très Haut).
    Il est recommandé de garder le dos cambré, les coudes levés, et de veiller à ce que le nez touche bien le tapis.

  3. Assise entre les deux prosternations
    Ensuite, on se redresse en position assise dite « jalsa » ou « qarʿah »: on repose sur le sol avec la paume gauche sur la cuisse gauche, la paume droite sur la cuisse droite, et on glisse légèrement le pied droit sous la cuisse gauche, l’orteil droit pointé vers la Qibla. L’on dit alors :

    « Allāhu akbar ».
    On peut, si l’on souhaite, prononcer une invocation courte (duʿāʾ) telle que « Rabbighfir lī » (Mon Seigneur, pardonne-moi).

  4. Deuxième prosternation
    On récite « Allāhu akbar » et on effectue de nouveau la prosternation en répétant trois fois « Subḥāna rabbī’l-ʿaʿlā ». On veille à la symétrie du geste et à la même humilité qu’à la première.

6. Le cycle des rakʿahs

  1. Revenir debout pour la rakʿah suivante
    Après la deuxième prosternation, on dit « Allāhu akbar » et on se relève pour commencer la rakʿah suivante, en répétant les mêmes gestes :

    • Récitation de la sourate al-Fātiḥah

    • Récitation d’une sourate ou de versets

    • Rukūʿ

    • Sujūd (deux fois)
      Ces mouvements varient selon le nombre de rakʿahs obligatoires :

    • Fajr : 2 rakʿahs

    • Dhuhr : 4 rakʿahs

    • ʿAsr : 4 rakʿahs

    • Maghrib : 3 rakʿahs

    • ʿIshāʾ : 4 rakʿahs

  2. Assise finale – le Tashahhud
    Dans la dernière rakʿah, après la deuxième prosternation, on reste assis pour prononcer le Tashahhud :

    « At-taḥiyyātu lillāhi waṣ-ṣalawātu waṭ-ṭayyibātu.
    As-salāmu ʿalayka ayyuhā’n-nabiyyu wa raḥmatu’llāhi wa barakātuhu.
    As-salāmu ʿalayna wa ʿalā ʿibādi’llāhi ṣ-ṣāliḥīn.
    Ashhadu an lā ilāha illallāh wa ashhadu anna Muḥammadan ʿabduhu wa rasūluh. »
    Certains ajoutent ensuite des invocations pour le Prophète ﷺ, ses compagnons et l’ensemble des croyants.

  3. Le salut final (taslīm)
    Pour terminer la prière, on tourne la tête vers la droite en disant :

    « As-salāmu ʿalaykum wa raḥmatu’llāh »
    puis vers la gauche en répétant la même formule. À ce moment, la prière est officiellement close.

7. Points essentiels à respecter

  • Commencer par la main droite à chaque étape
    Que ce soit pour laver la main, pour commencer la prosternation ou pour se relever, on privilégie toujours la droite avant la gauche, suivant l’exemple prophétique.

  • Maintenir la séquence sans pauses inutiles
    Il est préférable de passer d’un geste à l’autre sans interruption prolongée. Les invocations (takbīr, dhikr dans le rukūʿ et le sujūd, tashahhud) doivent venir au moment où l’on est dans la position appropriée, sans s’attarder entre deux mouvements.

  • Conserver l’humilité (khushūʿ)
    La prière n’est pas simplement un enchaînement de postures ; il faut se concentrer sur le sens des paroles, garder le cœur tourné vers Allah et ressentir la présence divine. Le regard est baissé : ni trop levé pour scruter l’espace, ni trop bas pour tomber dans l’inattention.

  • Respecter la dignité du lieu et du temps
    Lorsque l’on prie, il convient de s’assurer qu’il n’y a pas d’obstacle matériel (objet profane) devant soi, et que le temps alloué à la prière (hors surmerges possibles) est respecté pour que la prière ne soit pas raccourcie ou interrompue.

Conclusion

Accomplir la prière selon la méthode prophétique demande de la discipline, de l’humilité et de la concentration. En respectant chacune des étapes – intention, takbīr, récitations, inclinaison, prosternations et salut final – le croyant s’assure que son acte d’adoration est valide et complet. Avec le temps et la pratique, ces mouvements deviennent naturels, et la prière se transforme en un moment privilégié de connexion intime avec Allah.

Leave a Reply

Begin typing your search above and press return to search.